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19 février 2009 4 19 /02 /février /2009 15:49


A chaque porte française, l’on trouve toujours le même petit bouton : la sonnette d’entrée. Cet objet qui n’a d’autre raison d’exister que son utilité est devenu un objet de décoration. Lorsque vous arrivez chez quelqu’un, vous souhaitez avant tout manifester votre présence pour que l’on vienne vous ouvrir (surtout lorsqu’il fait froid). Nos maisons modernes, totalement isolée, avec double vitrage, joints étanches, etc. ne laissent pas toujours passer le son de l’intérieur. Ou du moins, c’est ce que vous pensez dans ces cas-là. Car en effet, vous avez beau appuyer sur le bouton, vous n’entendez rien. Et là, vous avez un doute. La sonnette fonctionne-t-elle ? Avez-vous appuyé assez fort ? Mais si la raison était que vous ne pouvez pas l’entendre, n’êtes vous pas en train de vous acharner sur ce pauvre bouton inutilement ? Au risque de voir votre hôte surgir rouge de colère ?

 

Personne ne vient. Vous risquez donc tout de même. Et le temps passe. On voit déjà les prémisses d’une stalactite se former sur votre nez. Votre hôte ne vous en voudra pas si vous sonnez maintenant une troisième fois. Vous appuyez à nouveau sur le bouton. Et vous vous rappelez soudain que vos hôtes ont un bébé ! Malheureux, qu’avez-vous fait ! Sans compter que sa femme travaille de nuit ! Et vous êtes là à actionner cet objet de torture !

 

Mais non, ils vous ont invité, et ils ne dorment plus maintenant. Mais pourquoi vous laissent-ils alors ici avec ce froid de canard ? Vous remarquez alors un objet qui ressemble à une cloche qui pend à trente centimètres de vous. N’allez-vous pas passer pour un abruti si vous vous mettez à actionner cet objet d’une autre génération, d’une société pré-électricité ? Sans compter que pour le coup, non seulement vous allez réveiller le bébé de la maison, s’il dort, mais aussi tous ceux du quartier.  Quoique peut-être pas en fait, la taille de la cloche est tout à fait modeste, et ce n’est certes pas avec cette cloche-là que vous seriez réveillé tous les matins à sept heures si vous habitiez près de l’église du village. Malgré tout, une si belle cloche à côté de ce bouton moderne ne peut avoir d’autre fonction que la décoration, et vous sentez que vous allez définitivement passer pour un imbécile si vous l’actionnez. Vous hésitez. Vous passez votre gant sur la stalactite qui devenait gênante. La porte est toujours fermée. Vous appuyez à nouveau sur le bouton. Toujours rien. Alors dans ces cas-là,  après une réflexion maintenant bien mûre, vous appliquez l’unique méthode efficace, celle qui fonctionnera à coup sûr, et sans vous rendre ridicule : vous frappez à la porte.

 

Cinq secondes plus tard, vous entendez quelqu’un tourner la clé dans la serrure, qui vous ouvre, mécontent que vous soyez à ce point en retard. Décidément, vous n’avez pas de chance.

 

 

 



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16 février 2009 1 16 /02 /février /2009 08:34


Sur toutes les tables françaises, nous pouvons trouver du beurre. C’est l’accompagnement indispensable de notre chère baguette française. La façon dont est servi le beurre est une de nos fascinantes petites manies. Chaque français pense qu’il s’agit là d’un détail tout à fait inintéressant. Et pourtant, si votre invité, étranger, donc ignare de vos codes, ou tout simplement un de vos amis bourru arrive et commence à tailler votre beurre d’une façon inappropriée, êtes vous certain que vous ne bondirez pas en lui rappelant le code appliqué dans votre famille ? Ou bien que vous ne le regarderez pas de travers jusqu’à la fin du repas ?

Il y a ainsi les gens qui mettent le beurre entier dans le beurrier, ceux qui n’en mettent que la moitié et gardent l’autre au frais, ou finalement ceux qui n’en mettent qu’un tout petit morceau dans un beurrier relativement microscopique juste pour le repas (et qui en mettent plusieurs sur la table pour le répartir entre tous les convives ).




Les deux premiers seront les plus stricts. Il n’y aura qu’une seule façon pour eux de se servir le beurre. La façon la plus répandue consiste à le prendre par un côté. Attention, par un et un seul côté, toujours le même. Il existe une variante rare, que l’on rencontre plutôt en Allemagne, qui consiste à racler le beurre par le dessus. Vous en conviendrez, la démarche est inélégante (et vous qui acquiescez, vous n’aviez pas vos petites habitudes ?). Le beurre prend alors une apparence ravagée par le dessus, ne restant que les quatre côtés de relativement droits. Néanmoins, cette démarche est plutôt pratique quand le beurre est dur. Il est plus facile de se servir ainsi petit à petit. Dans la démarche habituelle, le beurre ressemble à une carrière d’où l’on prélève le minerai. Mais là, attention, il y a encore des codes (plus ou moins stricts). La roche est en effet plus ou moins friable, et certaines questions de sécurité entrent en jeu. Il y a ainsi ceux qui vont biseauter la taille de haut en bas, préférant retirer la matière sur le haut, donnant au bas plus de largeur (la partie alors la plus difficile à racler, surtout lorsque le beurrier possède un large rebord). Il y a ceux au contraire qui vont préférer prendre la matière en bas, plus proche du socle, plus résistant. Le beurre va alors se creuser par le bas, menaçant toutefois d’un effondrement prochain. Dans d'autres familles, on alternera la démarche pour équilibrer cette taille et la rendre la plus droite possible. Vous remarquerez toutefois que ceci ne s’applique pas au petit morceau que l’on a placé au milieu de la table, ni même d’ailleurs au maigre reste de la livre qui arrive à ses dernières heures que chacun peut alors massacrer comme bon lui semble.

Mais dans tous les cas, vous, invités à la table, n’oubliez jamais cette règle d’or : le beurre ne s’entame que d’un seul côté, toujours le même. Si vous voyez une personne se servir devant vous, attendez bien qu’elle ait fini de se servir plutôt que d’entamer un nouveau chantier ! Vous devrez ensuite continuer l’entame du même côté qu’elle et tenter tant bien que mal de laisser l’esthétique de ce morceau de beurre que vous avez devant vous. Surtout si vous préférez rester dans les bonnes grâces de vos hôtes. Car en France, un morceau de beurre, c’est de l’art.



















 Lire aussi :
Le sens du pain
La huche à pain
Le sandwich
petit-déjeuner (thé ou café?)



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