Dans certains pays, il y a des choses dont il ne faut pas parler. Je ne pense pas ici à la politique, où de toute évidence, on sera très vite mal à l’aise étant donné les différences de point de vue qui peuvent exister d’un bout à l’autre du monde. Souvent, il est préférable d’éviter l’affrontement diplomatique, sans compter que vous ne connaissez pas non plus l’avis de vos apprenants, et que dans certains pays, les meilleurs amis du monde pourraient en arriver aux poings sur de tels sujets (et c’est ce que mes apprenants m’ont dit lorsque je préparais mon cours de conversation par thème).
Bien évidemment, il existe d’autres sujets, souvent de société, qui peuvent être, dans certains contextes, assez malvenus. (n’hésitez pas à nous faire part de vos expériences en commentaires)
Toutefois, je vais plutôt m’intéresser ici à la culture chinoise, et au fait qu’on ne puisse pas y parler de choses négatives. Nous l’avons évoqué avec notre sujet "faire des reproches", et nous le retrouvons sous une autre forme avec le sujet "faire des hypothèses". En effet, dans la culture chinoise, on croit au pouvoir des mots. Et parler de malheur pourrait selon eux se faire réaliser les choses dont on a parlé. Ainsi, vous aurez bien des difficultés à leur faire dire des choses à propos de la mort, surtout si elle concerne la leur, ou l’un de leur proche, vous aurez du mal à parler d’un accident qui pourrait survenir et toucher quelqu’un, etc.
Ainsi, faites bien attention en leur proposant des activités communicatives où ils devraient faire des hypothèses en fonction d’une catastrophe. Ils ne vous répondront pas, non pas parce qu’ils n’auront pas compris, mais parce qu’ils refuseront de parler de malheur !
Et si par hasard un malheur devait tout de même être dit, il existe une formule magique qui permet de conjurer un sort. Lorsqu’une mauvaise chose ou un malheur a été dit, on peut prononcer ensuite :
« pei, pei, pei » "呸, 呸, 呸"
Ca ne veut pas dire grand-chose, mais lorsqu’on le prononce, on a l’impression de cracher quelque chose, comme si l’on crachait la malédiction des mots, qu’on se les sortait de la bouche. De la sorte, on les ferait disparaitre, comme si les prononcer les amenait dans la bouche, et dire « pei, pei, pei » permettait de les faire sortir et de perdre leur pouvoir.
Bref, dans la culture chinoise, on n’aime pas parler de malheur, et l’enseignant de FLE devra donc éviter de proposer de tel exercice.
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